Costume noir, chapeau melon, il parcourt, dans un terne anonymat, les ruelles de la Cour des Miracles et commente les Ă©tonnantes rencontres quâil y fait : deux angelots congolais, un Ă©lĂ©phant vendeur de porcelaine, un cyclope catalan, une diseuse de bonne aventure⊠Chacun prend la parole, interpelle lâĂ©trange passant, plaide sa cause pour ĂȘtre reconnu, en dĂ©pit de lâapparence. Il les Ă©coute tous, sans dĂ©fiance ni a priori dĂ©nigrant.
Au cours de cette Ă©trange balade dans ce qui fut le lieu de rendez-vous emblĂ©matique des Ă©clopĂ©s, on croise des personnages connus, atypiques certes mais plus effrayants que dangereux et souvent pleins dâhumour. Ătranges, ils le sont tous, dans les images oĂč, sur fond de brique rouge sombre, leurs silhouettes noires, dĂ©formĂ©es par les ombres, sinon difformes, ont le caractĂšre inquiĂ©tant des MystĂšres de Paris. Le texte quâelles illustrent, plaidoyer pour le respect, a les qualitĂ©s rythmiques dâune ballade ; il joue sur la richesse et la poĂ©sie de la langue pour faire entendre une chanson des mal-aimĂ©s, pleine dâempathie.