Lola a dix ans quand son père claque la portière de la voiture et les abandonne, son frère, sa mère et elle sans crier gare. Il ne sera pas là pour son anniversaire. Ni après. Lola a de la peine… Puis Lola a douze ans. Ce jour-là, dans ses baskets neuves, Lola s’est envolée…
Geneviève Casterman raconte l’histoire banale d’une séparation : un récit dépouillé à l’extrême, qui laisse de côté les circonstances, élimine tout détail narratif, pour se consacrer à la lecture par une enfant de cette blessure familiale. Indissociables, le texte et l’image dans un crayonné noir cadrent dans le rétroviseur de la voiture l’instant de la rupture, les herbes folles de la route vide, puis les chaussures de la reconstruction. Car Lola court ! Et la métaphore est filée, page après page, de cette foulée hypnotique, symbolique, au rythme de laquelle la fillette peut désormais retourner dans son passé, dans son enfance, prendre à bras le corps ses souvenirs, dans des éclats de rouge, sans s’effondrer, sans faiblir : guérie de son chagrin, sortie de l’enfance. Force et pudeur d’un bel album porteur d’espoir. (C.B.)