Début du XXe siècle. Les frères Espitallier quittent leur village des Hautes-Alpes pour la Californie où ils sont employés dans un ranch. L’aîné épouse une Américaine et réussit en affaires. Eugène, moins ambitieux, se contente de son travail de gardien de troupeau. Vers trente ans, il revient au pays et se marie. Quand il meurt, son fils aîné n’a que dix ans. Dans la famille, on ne parle pas de l’aventure américaine d’Eugène ; le silence tombe sur sa courte vie peu ordinaire, oubliée. Jusqu’à aujourd’hui… Jean-Michel Espitallier (La première année, HdN juillet 2018) est le petit-fils du cow-boy Eugène. Pour faire revivre son ancêtre qui n’a pas laissé de traces, il mêle genres et styles : roman, essai, biographie, poésie. Les pages brillantes sur un quart de siècle d’histoire de l’Ouest américain marqué par la vitesse, le progrès et la brutalité, contrastent avec le parcours d’un homme simple, incompris et taiseux, qui n’oublia sans doute jamais les grands espaces entrevus et perdus. On comprend à demi-mots que l’auteur en a voulu à son propre père de ne pas lui avoir transmis la mémoire de ce grand-père hors normes. Injustice réparée dans un hommage littéraire passionnant. (T.R. et C.-M.T.)
Cow-boy
ESPITALLIER Jean-Michel