À Tel Aviv, Eitan Enoch, dit Croc, échappe de peu à un attentat dans un minibus. Perturbé, il se rend à Jérusalem rencontrer Shouli, la petite amie de son voisin de trajet décédé. Sur la route, il sort indemne d’un nouvel attentat, puis est légèrement blessé lors d’un troisième dans un café. Il passe à la télévision et devient le symbole de la résistance. De son côté, Fahmi, jeune Palestinien, en piteux état sur son lit d’hôpital, se remémore sa brève carrière de terroriste peu convaincu et les circonstances complexes de sa rencontre avec Croc.
Les narrations alternées des deux héros interviennent dans des temporalités décalées, perturbant progressivement la lecture – d’autant que le monologue du Palestinien est entrecoupé de bribes de pensées et dialogues extérieurs. Le roman est intéressant par ce qu’il révèle des existences palestiniennes et israéliennes. D’un côté, les difficultés pour travailler, se déplacer, les humiliations, les représailles démesurées, l’arbitraire. De l’autre, la peur des attentats, les séquelles physiques et psychologiques des survivants. Pour tous, méfiance, mépris et incompréhension mutuelles. Le ton, parfois ironique, est sombre : pas de jugement, mais un constat d’impasse.