Un homme raconte. Il désire témoigner anonymement des signes de disparition progressive du monde qui l’entoure. Revenu dans sa ville natale où il a connu jadis la douleur de perdre un enfant, il vit dans un quartier en pleine rénovation malgré la menace des crues du fleuve proche. D’abord un incendie se déclare. Puis comme lors d’une épidémie, les quelques êtres qu’il fréquente disparaissent les uns après les autres : un chat, une pianiste séduisante, un écrivain exalté… Philippe Forest (Une fatalité de bonheur, NB mai 2016) explore une fois encore les thèmes de l’absence et du deuil, ici sous la forme d’une allégorie fantastique. À la recherche d’un sens universel à donner à l’inexplicable, le narrateur interprète autrement des phénomènes habituellement expliqués par l’emballement du progrès ou les dérèglements économiques et politiques. Le procédé consistant à nuancer et reformuler les phrases paraît excessif mais le rythme lent, l’écriture concise et froide, construisent le récit : la description de la Crue est magnifique. Entre roman et fable, l’auteur, s’interrogeant sur le sens de la vie, montre l’homme au bord du vide. Pourtant tout aurait déjà été dit, expliqué dans les livres et oublié… (T.R. et M.Bo.)
Crue
FOREST Philippe