Damnés

Madison, treize ans, vient d’arriver en Enfer. Elle découvre un paysage effroyable, dégoûtant et puant : montagnes de rognures d’ongles, cascades de vomi, lacs de sperme périmé… Refusant de désespérer, elle rencontre quelques ados téméraires et affronte avec eux des monstres anthropophages. Tout en s’adaptant au mieux à sa nouvelle existence, elle se souvient de sa courte vie – sa solitude de gamine intello trop grosse et la pension suisse ultrachic où la laissaient ses parents, deux personnalités du showbiz, ex-hippies aux idées vraiment trop larges, milliardaires hypocrites, esclaves de leur apparence. Elle se rappelle aussi ce qui l’a damnée… L’écrivain satirique Chuck Palahniuk (Snuff, NB octobre 2012) laisse libre cours à son imagination transgressive et provocante. Si les descriptions de l’Enfer, d’un goût plus que douteux, semblent sorties tout droit de cerveaux d’adolescents attardés, la critique de certains travers de notre époque vise juste. Du harcèlement des centres de téléphonie – ils sont délocalisés en Enfer ! – aux psychiatres dangereux, de la dictature écologique aux créationnistes, tout passe à la moulinette d’une plume mordante et directe. Si l’auteur se plaît à choquer, il ne maintient pas l’intérêt jusqu’à la fin, plus fade, proche d’un happy end.