Né en 1922 de parents juifs polonais, Daniel a le don des langues. Interprète à la Gestapo, il aide trois cents Juifs à s’évader du ghetto d’Emsk. Converti au catholicisme et devenu moine après la guerre, il est envoyé à Haïfa en 1960 où il meurt dans les années quatre-vingt-dix. Pourchassé en Biélorussie comme Juif, méprisé en Israël comme catholique, il n’a cessé d’aider les gens à s’entendre entre eux. Œcuménique avant l’heure, il s’est aussi heurté à l’intransigeance des autorités officielles, alors qu’il se voulait « un pont » entre judaïsme et christianisme.
Ludmila Oulitskaïa a rencontré le véritable frère Daniel en 1992. Fascinée, elle a amassé de nombreux témoignages sur sa vie, mais a finalement opté pour la souplesse de la forme romanesque, où elle excelle d’ailleurs à camper des portraits pleins de vie, de chaleur et d’humour (Cf. Sincèrement vôtre, Chourik, N.B. avr. 2005). Une multitude de personnages réels, fictifs ou transposés apporte ainsi des éclairages différents sur Daniel Stein à travers leurs souvenirs, extraits de correspondance ou journaux intimes. S’y mêlent aussi des documents authentiques. Dans ce roman hors norme, la frontière entre fiction et histoire s’efface devant l’évocation d’un homme remarquable, d’un « juste ».
C.V.D.R. et J.C.-N.