Jean, cinquante-cinq ans, règle les comptes de son enfance saccagée. Il habite la chambre de Louis Soutteur (1873-1947), musicien et peintre suisse de génie (cousin de Le Corbusier). Ils vivent la même détresse : celle de l’enfermement. L’asile pour le peintre de l’Art Brut, la solitude de l’écrivain parmi des souvenirs tout aussi aliénants. Son père, pharmacien devenu gourou jouisseur d’une secte dite chrétienne, le renie, son frère le hait, sa mère est trop fragile. Alors c’est la dérive, la dégringolade scolaire, l’errance, la recherche de plaisirs destructeurs, le goût de la mort combattue dans les excès du sexe. Ce sexe, exorcisme de ses souffrances, qu’il livre à une confidente amante, pourvoyeuse de ses femmes à la consommation trop courante ! Malgré des scènes d’une crudité clinique et recherchée (inutilement répétitives) où la pornographie est plus ludique que sado-masochiste, ce premier roman bien écrit émeut. Il réussit le contrepoint entre l’artiste reconnu et le narrateur érudit qui se bâtit une légende d’écrivain maudit et que cette déferlante de sexe ne comble ni ne console.
Dans la chambre du pornographe.
BILLETER Jean