Dans la foule.

29 mai 1985. Ils sont venus de France, d’Italie, d’Angleterre, nombreux, trop nombreux. Qui sont « ils » ? Les supporters du match de foot entre Liverpool et la Juventus, finale de la coupe d’Europe des champions. Ils se dirigent vers le stade du Heysel, ils sont déjà ronds comme des queues de pelle. Parmi eux, un couple en voyage de noces, deux copains qui ont leurs billets mais nulle part où coucher, deux Belges de Bruxelles qui n’ont pas de billets et trois Anglais de Liverpool. Une heure avant le match, la tragédie va changer le cours de leur histoire.   Leur histoire se déroule en un long monologue caméléon. Qui est « je » ? Tantôt les uns, tantôt les autres suivant les paragraphes, avant le drame, pendant et après. Descriptions réalistes, introspections et toujours une extrême minutie comme si le livre était écrit au scalpel pour explorer, comme d’habitude dans l’oeuvre de Laurent Mauvignier, les méandres de la solitude, de la souffrance et de la vacuité humaine (Seuls, NB avril 2004, entre autres). Long, triste, difficile, mais tellement prenant.