Dans la luge d’Arthur Schopenhauer.

REZA Yasmina

Comme une luge, le temps file Ă  toute allure dans une vie qui n’est qu’ennui et souffrance. Ils n’ont pourtant que la cinquantaine, les personnages de ce bref roman qui sombrent dans les affres de la vieillesse. L’un, philosophe, spĂ©cialiste de Spinoza et qui Ă©voque des hommes connus, se rĂ©fugie, selon sa femme, dans la folie. Elle, constatant le naufrage de son couple, dĂ©prime, en un dĂ©sert intĂ©rieur oĂč tout n’est qu’exaspĂ©ration. L’ami se rĂ©fugie dans un quotidien dĂ©risoire. Dernier monologue : une psychiatre leur rĂ©pond avec une petite histoire, une sorte de parabole nostalgique et sombre.

 Dans le genre dĂ©senchantĂ© qui rappelle Adam Haberberg (NB mars 2003), et contrairement Ă  Nulle part (voir analyse ci-dessous), c’est la part d’ombre de l’oeuvre littĂ©raire de Yasmina Reza qui Ă©merge de nouveau. Ces portraits de personnages, intellectuellement brillants, dans l’aisance matĂ©rielle, mais au coeur sec, sont remarquablement dessinĂ©s, d’une Ă©criture dĂ©pouillĂ©e. Comme d’habitude, dans ses romans ou au thĂ©Ăątre, l’auteure parle aussi de nous, c’est ce qui fait qu’elle fascine, mĂȘme dans ses morceaux les plus noirs.