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L’été, les oiseaux dans les arbres, une table dressée dans le jardin avec un chandelier à sept branches : la fête va commencer, avec balalaïka, accordéon et violon. Puis l’automne s’installe, avec ses ombres. Dans la maison, la musique s’est tue, tout le monde a peur, faim et froid. L’hiver est encore plus dur, le ciel menaçant : une bourrasque emporte les parents et les deux garçons. Seule Saralé a échappé à cette tourmente, cachée dans le grenier. Le printemps revient, ensuite l’été : la roue de la vie tourne toujours.
Les saisons servent de symbole aux bouleversements d’une vie familiale frappée par le malheur. Le mot guerre n’est jamais prononcé, ni le mot juif. Seuls des objets culturels, le prénom de la fillette, permettent aux initiés de comprendre. Le texte elliptique, les paysages, les visages suggèrent la Shoa, mais cela pourrait être une autre guerre aussi. La pudeur du texte est nimbée d’une impression de tristesse créée par les images d’un bout à l’autre de l’album, y compris dans les évocations joyeuses du début et l’épilogue porteur d’espoir. Mais c’est aussi dans cette sensibilité et cette empathie très grandes de l’artiste que naît une émotion forte qui ne s’efface pas facilement.