Quatre récits, tous liés par les thèmes du souvenir, de la culpabilité et de la mort. Dans « Sang négrier », poignant, un commandant de navire reste hanté et terrifié jusqu’à la fin de ses jours par la fuite de cinq esclaves noirs lors d’une escale et du carnage qui s’en suivit. Puis c’est un vieux poète juif qui, dans les rues de New York, part à la recherche du seul lieu où il fut heureux avec la femme qu’il aimait et se souvient de leur vie avant de mourir. « Le colonel Barbaque », lui, a fui le drame des tranchées et sa famille pour se transformer en trafiquant cynique et meurtrier en Afrique. Enfin, à Lisbonne, trois amis marins se content des histoires et sont emportés « dans la nuit Mozambique » mystérieuse et fascinante.
On retrouve le style intimiste et percutant de Laurent Gaudé (Le soleil des Scorta, NB août-septembre 2004), ses passions pour l’Afrique, la mer et l’âme humaine. On ne peut qu’être sous le charme de ces récits douloureux, pleins de poésie, mais manquant de chute.