Dans le café de la jeunesse perdue

Que sont nos amis devenus ? S’interrogent les quatre narrateurs successifs de cette histoire : trois hommes et une femme, Louki. Ils ont vécu une jeunesse estudiantine et contestataire à Paris dans les années soixante. Épicentre de leurs rencontres, le café Condé au Quartier Latin bruit toujours de leurs échanges, de leur amour déçu pour Louki. En évoquant leur passé commun, chacun affine son portrait, souligne son identité énigmatique et son errance. Elle a toujours fui : son enfance à Pigalle (elle en fait le récit), son mari (il la recherche). Elle se perd dans des lectures ésotériques et mortifères, s’efface. Toutes les ressources de la création artistique, l’auteur d’Accident nocturne (NB décembre 2003) les explore une fois encore pour personnaliser son procédé d’écriture et de composition. Une ligne mélodique dessine le thème ; un pointillisme pictural et poétique l’enrichit de détails obsessionnels. Chaque personnage émerge d’un halo de souvenirs, devient familier, indissociable d’un Paris aux quartiers minutieusement visités qui abritent l’angoisse de vies inaccomplies, la nostalgie des temps anciens si chers au coeur de ce romancier. Un roman pudique et sensible à écouter.