Yerzhan vit avec sa famille maternelle dans un minuscule village au bord de la voie ferrée qui traverse l’est du Kazakhstan. Le jeune garçon, initié d’abord à la « dombra », l’instrument traditionnel du pays, par son grand-père, devient un prodigieux violoniste grâce à un professeur bulgare. Après une enfance heureuse avec une adorable petite « fiancée », sa vie bascule brutalement à la suite d’une baignade dans un lac près de la Zone Interdite. Il cesse de grandir et se replie sur lui-même. Et c’est à vingt-sept ans, alors qu’il en paraît douze, qu’il fait le point sur sa vie. Hamid Ismaïlov, écrivain ouzbek en exil (Contes du chemin de fer, NB novembre 2009), raconte dans une écriture poétique et imagée l’existence de populations isolées dans des contrées désertiques, leur mode de vie immémorial et les mythes anciens qui croisent la modernité la plus terrifiante. En effet quatre cent soixante-huit essais nucléaires réalisés entre 1945 et 1989 dans cette zone du Kazakhstan irradièrent plus de deux cent mille habitants. Ce conte noir est rythmé par la musique, le vent dans la toundra et parfois le grondement terrifiant d’une explosion atomique. Un livre sombre et bouleversant. (M.-F.C. et M.S.-A.)
Dans les eaux du lac interdit
ISMAÏLOV Hamid