C’est le dernier jour d’activité de Matthew Henson : il pourra quitter un peu avant l’heure son modeste travail de gardien au musée d’histoire naturelle, où sont exposés les astéroïdes qu’il a contribué à découvrir, ainsi que le squelette de son ami Inuit. Premier arrivé au pôle nord en 1909, comme éclaireur de l’expédition Peary, il ne connaîtra pas la gloire : il est noir. Embarqué tout jeune comme mousse, il acquiert une solide expérience en compagnie du compatissant capitaine Childs. À la mort de celui-ci, il est engagé comme domestique par Peary et l’accompagne d’abord sur le chantier du canal de Panama, puis dans ses expéditions arctiques. Au Groenland, il apprend le langue des Inuits, se lie à l’une d’elle et devient l’ami du chaman qui lui enseigne ses mythologies et lui montre les pierres sacrées.
Le dessin un peu hiératique, légèrement caricatural, donnant l’exclusivité aux tons gris et bleus, emprunte parfois ses traits à ceux des légendes locales, pour illustrer la notoriété qu’Henson avait acquise parmi les peuples du grand nord. À l’inverse, dans les contrées dites civilisées, le racisme ordinaire et méprisant est la loi du quotidien, tandis que tous les moyens sont bons pour alimenter l’âpre concurrence entre les explorateurs. Violences, chantage, rapt, mensonges, tout fait feu. Mêlant habilement les époques et les lieux, ce récit qui introduit une part de roman, propose de réhabiliter un héros méconnu.