Chloé Delaume choisit de curieux lieux de villégiature : après J’habite dans la télévision (NB novembre 2006), voici Ma maison sous la terre ! Dans un cimetière, une jeune femme, en tous points similaire à l’auteure, dialogue avec un homme énigmatique censé lui faire écouter le choeur des morts afin qu’elle renonce à tuer sa grand-mère qui vient de lui faire savoir que son père n’était pas son père ! Privée de ses repères identitaires, elle ne songe qu’à se venger…
Chloé Delaume ne se propose pas de raconter une histoire mais de l’expérimenter. Elle veut bien que l’on taxe son livre d’autofiction à condition de l’envisager comme un travail de laboratoire. Ainsi « le flot de réminiscences aux accents tsunami » (double assassinat de ses parents, tentations de suicide, origines beyrouthines, etc.) qu’elle met en orbite autour du « carré 104 » de la concession familiale le temps du récit, comme les références livresques, chansons, commentaires médicaux, sont des éléments de sa boîte à outils. Souvent déstabilisant, émouvant parfois, son texte, à nul autre comparable, est comme un ovni dans le firmament littéraire !
A.D.