Milo est en train de mourir du sida. Il écoute le scénario de son existence chaotique que lui bâtit Paul, son ami, le célèbre réalisateur avec lequel il a fait tant de films. Il revit ainsi son enfance maltraitée par les familles d’accueil, le souvenir fulgurant de sa mère indienne et prostituée, l’affection de son grand-père Neil, indépendantiste irlandais et fin lettré. Puis ses errances, ses aventures sexuelles variées, sa rencontre providentielle avec Paul. Et enfin le Brésil, la capoeira et la découverte d’Eugénio, devenu son fils adoptif. Nancy Huston (Infrarouge, NB juillet-août 2010) signe ici un nouveau livre ambitieux. Elle se place derrière la caméra, omnisciente, pour observer chacun en particulier, saisir l’ensemble de ces femmes et ces hommes d’origines si différentes qui ont fait le Canada. Anglais, français, patois, argot des prostituées et idiomes croisent des textes de Yeats et de Joyce au rythme du battement spécifique de la capoeira. Les époques elles aussi s’enchevêtrent en va et vient anarchiques, de New York en 1980 à la guerre d’indépendance irlandaise en 1921.Ce procédé ainsi que les dialogues longs et fréquents traduits en bas de page créent un sentiment de lassitude, voire de désarroi.
Danse noire
HUSTON Nancy