D’autres couleurs

PAMUK Orhan

Souvenirs familiaux, réflexions au gré des jours, essais subtils sur de grands auteurs (Dostoïevski, Camus, Nabokov, Thomas Bernhard), retour sur ses romans… Autant de fragments rassemblés et remaniés par Orhan Pamuk pour constituer un gros ouvrage de plus de soixante-dix courts chapitres, sorte d’autobiographie qui donne à voir l’écrivain et sa perception du monde à travers les mots, comme il l’explique dans sa préface. Sa personnalité se dessine, tandis que le lecteur pénètre dans les immeubles d’Istanbul et parcourt ses quartiers. Cantonné dans une orgueilleuse et susceptible solitude, consacré tout entier à sa passion de l’écriture, Orhan Pamuk analyse souvent l’impossible partage de la Turquie entre Orient et Europe, revient sur son enfance et la rivalité fraternelle qui la marqua, dit et redit son besoin d’écrire et sa manière de concevoir ses romans (entre autres Neige, NB novembre 2005). La figure du père absent et admiré traverse ces pages comme un fantôme mélancolique. Peut-être préfèrerait-on deviner l’auteur à travers ses romans plutôt qu’en lisant ces textes soigneusement élaborés. Ils n’en retiennent pas moins l’attention en nous faisant pénétrer plus avant dans la pensée d’un écrivain.