De bonnes raisons de mourir

Crucifié sur la façade d’un immeuble de Pripiat, ville fantôme à un jet de nuage radioactif de Tchernobyl, le cadavre mutilé de Léonid Sokolov renferme dans son ventre un faucon empaillé. Il s’agit du fils d’un apparatchik de l’époque soviétique, devenu milliardaire. Moyennant finance, l’oligarque convainc Rybalko, policier russe natif de Pripiat, de retrouver l’assassin et de le liquider. En parallèle, le capitaine Melnyk, flic ukrainien à l’ancienne, traque la vérité qui s’enracine dans un double meurtre survenu le jour même de l’explosion de la centrale nucléaire.  Deux enquêteurs qui ne se connaissent pas, menant les investigations chacun de leur côté : la combinaison est originale et donne un coup de fouet aux formes classiques du genre. Innovants aussi, l’Ukraine en guerre et les suites de la catastrophe nucléaire de 1986 qui font découvrir l’ampleur du désastre à hauteur d’homme. Sur une terre martyrisée, des milliers de gens survivent dans la hantise des radiations. L’atmosphère est lourde, glauque, étouffante et la tension monte à mesure que l’étau se referme sur le meurtrier. Dès sa deuxième publication, Morgan Audic (Trop de morts au pays des merveilles, HdN juin 2016) rejoint le club très fermé des meilleurs auteurs de romans policiers.  (C.Go. et Maje)