De ciel et de cendres

GOUGAUD Henri

Pamiers, 1318. Orphelin à dix ans, instruit par un vieux moine, Jean Jabaud est employé chez le notaire de l’évêché. Remarqué par l’évêque inquisiteur Jacques Fournier, il devient son greffier, chargé de transcrire en bon latin les procès d’hérétiques que son maître a eu à juger. Il les consigne dans un carnet, les émaille de moult réflexions sur ce qu’il a vécu, vu et entendu.

Ce dernier roman d’Henri Gougaud (Contes impatients d’avoir vécu, Les Notes juillet 2023) a pour cadre les nouvelles doctrines religieuses qui se sont répandues dans le Sud-Ouest de la France au XIVe siècle. L’auteur s’est appuyé sur des sources historiques solides. Son évêque n’est autre que le futur pape Benoît XII et, du Registre d’inquisition de Jacques Fournier, il a tiré une sélection de personnages pittoresques jugés pour hérésie. Le romancier endosse l’habit de Jean, s’empare de sa plume pour creuser le lien ambigu qui unit ce dernier à son maître et s’immisce dans tous les milieux de la société où prospèrent pareillement toutes sortes de turpitudes, tortures, parjures, mensonges, délation, sorcellerie, luxure. De belles figures et de beaux sentiments, un sens du burlesque et de la satire viennent adoucir ce tableau grimaçant des mœurs de l’époque. Un peu long, mais agréablement conté. (L.K. et B.T.)