En 1979, Esther, dix-sept ans, est envoyée d’Israël au Cameroun, chez l’oncle Cicurel qui y a fait fortune. C’est une jeune Israélienne, libre, insolente et inoccupée et se marier avec son cousin Erwan ne l’intéresse pas plus que l’indolente atmosphère africaine postcoloniale. Découvrant de vieilles photos sépia, elle reconstitue l’histoire de sa famille : des riches Juifs du Caire, non pratiquants, forcés de quitter l’Égypte dans les années 1950 pour Israël, l’Afrique, la France ou l’Amérique. Ils s’adaptent tant bien que mal à des mondes nouveaux : le sionisme militant du kibboutz, la vie à Tel-Aviv, Douala, New York ou Paris. Dans ce deuxième roman traduit en français, partiellement autobiographique, Ronit Matalon trace les portraits, sur plusieurs générations, des membres de cette famille juive, polyglotte, aisée, plutôt mal accueillie et déclassée en Israël. Esther est l’observatrice désabusée et distante de cette histoire familiale et d’une Afrique qui s’endort dans sa touffeur moite, avec ses préjugés raciaux, son ennui, son désoeuvrement et son affairisme. Ce récit à l’écriture vivante, parfois désarçonnante, au fil conducteur pas toujours facile à suivre, éclaire le destin particulier de ces séfarades, imprégnés de culture arabe, déracinés de leur terre natale. Sont-ils plus « Orientaux » que Juifs ? (A.M. et D.A.)
De face sur la photo
MATALON Ronit