Le rôle de De Gaulle et les références pérennes à son label conduisent l’infatigable Marc Ferro à décortiquer, quarante ans après sa mort, sa personnalité et son parcours, principalement après le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Se basant sur des analyses personnelles et de nombreux témoignages, l’historien, loin d’être un partisan convaincu, ne compose pas une hagiographie ni ne rapporte les minutes d’un procès. Il dégage les points positifs de ce sphinx énigmatique : don de prophétie – malgré l’aveuglement précédant mai 1968 –, intégrité ; et ses faiblesses : orgueil cassant, goût du pouvoir, périodes d’abattement.
Au-delà d’une analyse factuelle chronologique rappelant les étapes connues d’une existence effervescente, Max Ferro creuse plus en détail certaines périodes confuses, livrant des éclairages inédits, mais parfois décousus, sur des rapports de force dont l’évolution est pleine d’imprévus : relations souvent houleuses entre les gouvernements alliés et les composantes de la France libre, retour au pouvoir et règlement du conflit algérien. S’il manque un fil conducteur dans ce cours d’histoire – une histoire quelque peu chahutée par le chaos des événements minutieusement décrits – les explications fournies enrichissent la connaissance d’un personnage complexe.