De l’Amour en Autistan

SCHOVANEC Josef

Gabriel, abonnĂ© de la soupe populaire, calcule les algorithmes de son avancĂ©e dans la queue ; Jessica aime se balader en boubou colorĂ© ; Debbie, couturiĂšre inspirĂ©e, passe ses journĂ©es au musĂ©e Galliera ; Sixte-Henri ne s’exprime aisĂ©ment qu’en latin ; Sonia, mathĂ©maticienne laurĂ©ate d’une mĂ©daille prestigieuse, est terrorisĂ©e par son succĂšs. D’autres, tout aussi Ă©tranges, Ă©voluent dans le monde parallĂšle des autistes. Les imprĂ©vus, ils dĂ©testent ; la solitude, ils la recherchent. Autant dire que le sentiment amoureux leur est peu accessible
 sauf par surprise, celui-ci dĂ©jouant leurs habituels mĂ©canismes de dĂ©fense. Dans le prologue, Josef Schovanec (Éloge du voyage Ă  l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez, NB juin 2014), autiste lui-mĂȘme, prĂ©vient : les personnages sont bien rĂ©els mĂȘme si leur Ă©volution est une pure construction romanesque. Citations latines, mots savants, phrases alambiquĂ©es, prĂ©cisions horaires, rien n’est Ă©pargnĂ© au lecteur qui a du mal Ă  se repĂ©rer dans toutes ces histoires qui se recoupent Ă  la fin. Les situations sont cocasses, Ă  peine croyables, on rit, mais le coeur se serre devant la complexitĂ© de ces ĂȘtres, sensibles, pointilleux, dĂ©semparĂ©s, enfermĂ©s comme des enfants dans un univers d’adultes. (M.-A.B. et N.C.D.)