L’amitié entre La Boétie et Montaigne, extrême, mystérieuse, a déjà suscité maints commentaires. Jean-Luc Hennig, écrivain véhément, journaliste provocant, propose ici son hypothèse, qu’il traite vite en certitude. Et si La Boétie était tombé follement amoureux de Montaigne ? Homosexuel, il aurait rêvé d’un amour chaste, pure jouissance des âmes. Montaigne, débauché, indépendant, n’y aurait répondu qu’à moitié. Et il mesure l’immensité de sa perte à la mort de son ami. Désormais, il ne vit et n’écrit que pour le célébrer. Avec ruses et précautions : la sodomie conduit au bûcher. Les textes de La Boétie sont décryptés avec une érudition admirative, ceux de Montaigne y répondent. Pour appuyer son propos, l’auteur puise dans la littérature grecque et romaine, la poésie courtoise ou mystique, l’oeuvre de Pétrarque ou les travaux d’exégèse. La recherche est considérable, les personnalités de Montaigne (assez mal traité) et de son ami prennent des couleurs insoupçonnées. Faut-il ajouter que ce travail savant demande une lecture attentive ? (M.W.)
De l’extrême amitié : Montaigne et La Boétie
HENNIG Jean-Luc