De neige et de vent

VIDAL Sébastien

Tordinona, en hiver, un village isolé dans les Alpes, tout près de la frontière italienne. Le mauvais temps s’installe. Marcus et Nadia, deux officiers de gendarmerie en patrouille, sont immobilisés sur place quand on découvre le corps de Caroline, la fille du maire, assassinée sur un sentier forestier. À eux les premières constatations, à eux de recueillir les premiers témoignages, d’autant que tout contact avec leur hiérarchie est interrompu par le blizzard.

Les ingrédients d’une intrigue policière sont là, sur fond de pesante ruralité. Mais la force de ce roman est ailleurs : le village, on le découvre vite, n’est qu’intérêts et rancœurs associées, tenu, de main de maître, par le maire, seul employeur du lieu. Un monde fruste encrassé dans la tradition, dans lequel tout nouveau venu est à peine toléré, tout chemineau, un danger en puissance… un coupable idéal. On n’y est même pas protégé de soi par le devoir d’hospitalité qui, naguère, déverrouillait les portes. Sur ce territoire « de neige et de vent » temporairement hors la loi, l’écrivain incarne dans des personnages bien dessinés le combat entre la pulsion primaire de vengeance et la honte, le remords, le souci d’autrui qui construisent l’estime de soi et notre humanité. La puissance des éléments est superbement rendue par une maîtrise remarquable de la description et une évidente sensibilité à une nature qui modèle les hommes dans le pire et le meilleur. (C.B et P.E)