De quoi aimer vivre

DIOME Fatou

En une dizaine de textes, entre nouvelles et rĂ©cits autofictionnels, l’auteure, Franco-sĂ©nĂ©galaise qui vit Ă  Strasbourg (Les veilleuses de Sangomar, Les Notes juillet 2019), dit avec naturel le besoin d’amour des marginalisĂ©s de la vie, leurs drames intimes et malgrĂ© tout l’espĂ©rance joyeuse d’un regard, d’une parole, d’une promesse. Une jeune femme se dĂ©vĂȘt le soir devant sa fenĂȘtre, un jeune homme l’épie, elle obscurcit cette ouverture, le voyeur est privĂ© du spectacle, la tentatrice ressent le manque de sa prĂ©sence et le jeu entre eux est servi par un Ă©change plein d’humour et de tendresse. Un autre l’aborde au restaurant, guettant attention et plus encore et l’évitement est relatĂ© avec finesse. Un ancien boxeur et une rĂ©fugiĂ©e finissent par trouver le calme aprĂšs les tempĂȘtes. Le volume se termine par un superbe portrait du grand-pĂšre de Fatou, pĂȘcheur dans le delta du Saloum, qui risquait tous les jours sa vie pour nourrir les siens. Elle a recueilli ses leçons de dignitĂ© et de sagesse : « la vie, c’est apprendre Ă  avoir le pied marin » lui enseignait-il. Leçon bien reçue par cette romanciĂšre qui aborde les thĂšmes forts du racisme, des migrations et du mĂ©tissage et offre une promenade littĂ©raire douce et bienfaisante. (A.C. et B.T.)