Detroit, un mois de juin caniculaire à la fin des années cinquante. Une femme noire est retrouvée morte aux abords d’une usine automobile. Malina, la femme du chef d’équipe, s’inquiète de l’infidélité de son mari. Dans une maison voisine, la douce Grace attend son premier enfant. Son amie Julia accueille chez elle ses nièces orphelines, des jumelles dissipées. Lorsqu’Elizabeth, une jeune handicapée mentale, disparaît, le quartier se mobilise pour organiser les recherches. Les hommes quadrillent les rues. Jour après jour, les épouses assurent l’intendance. Un soir, Grace est attaquée chez elle. Dans ce second roman de Lori Roy (Bent Road, NB septembre 2013), la part de mystère et d’enquête cède le pas devant le rendu très réussi de l’atmosphère d’une ville américaine qui passe de la prospérité tranquille à l’insécurité inquiétante. L’auteur choisit un moment charnière : la désindustrialisation qui vide les usines et le chômage sont encore à venir dans la capitale de l’automobile, mais les tensions raciales s’exacerbent déjà avec la montée de la précarité et la dégradation insidieuse de la qualité de vie. Le quotidien des femmes américaines jusque-là centrées sur leur foyer va basculer. Des personnages attachants aux motivations finement analysées. (T.R. et C.-M.T.)
De si parfaites épouses
ROY Lori