Un hameau dĂ©sert dans les Apennins. Le vieux Martin, professeur de littĂ©rature retraitĂ© et poĂšte, a choisi de vivre dans lâisolement, mais sâaccommode de moins en moins bien de la solitude. Porc-Ă©pic, chouette, blaireau et autres crĂ©atures des bois sont chaque soir les seuls interlocuteurs sentencieux avec lesquels partager les rĂ©flexions de la journĂ©e. Lorsquâun couple de citadins emmĂ©nage dans la maison voisine, il se rend trĂšs vite compte qu’il est troublĂ© par la jeune femme, sosie de son amour de jeunesse. Sur le thĂšme classique de la jouvence amoureuse, Stefano Benni (La trace de lâange, NB juin 2013) compose un roman subtil, original, dâune aimable complexitĂ©, mĂȘlant styles et registres poĂ©tiques, fantaisistes, nostalgiques, romantiques, oniriques ou goguenards. Par petites touches rĂ©crĂ©atives, lâauteur prĂȘte au hĂ©ros sa plume ironique dâĂ©crivain engagĂ©, par exemple dans la description bouffonne de notables lors d’une fĂȘte villageoise ou encore celle de magouilles Ă©ditoriales dâuniversitaires cupides et avides de reconnaissance. Mais on retient surtout la transformation morale et affective de lâermite vieillissant et dĂ©sabusĂ© au contact de la jeunesse, de la beautĂ© et de la fulgurance du dĂ©sir. Un beau roman sur les revirements et les brĂ»lures de la derniĂšre pĂ©riode de la vie.
De toutes les richesses
BENNI Stefano