Dead stars

WHITMER Benjamin

En 1986, dans une ville du Colorado construite voilà trente ans autour d’une usine de production de plutonium, un ouvrier qui élève seul ses enfants adolescents cherche son fils, disparu un soir. Au long de leurs déambulations et de leurs rencontres, sa fille aînée, son frère et lui vivent trois longs jours de quête ponctués d’insomnies à tenter de comprendre leur vie ancrée dans la violence.

Benjamin Whitmer (Évasion, Les Notes juillet 2018) donne la parole aux laissés-pour-compte des États-Unis de Reagan : les pères, brutaux ou dépassés, brisent leurs enfants ; la contamination de la nature par les déchets nucléaires impose aux ranchers de se reconvertir à l’usine pour survivre, sans échappatoire ; la fatalité qui pèse sur la famille, l’alcool, la drogue brûlent toute espérance, la brutalité remplace les mots. Le héros, ce père qui aime ses enfants, dans une lucidité désespérée empreinte de culpabilité, s’applique à « manger » sa colère pour contrer la sauvagerie. Il ne reste à ces personnages, comme pour les étoiles mortes, que leur noyau dur : leur éclat lumineux disparaît au fil de leur existence tragique. Un très bon roman noir, d’une grande puissance, porté par une écriture rythmée et stylée : la ville sinistrée épouvante, l’humanité des personnages maltraités par la vie émeut. (J.H. et M.Bo.)