Catalogne, aujourd’hui. Teresa ferme son hôtel et quitte son amant. Elle repense à sa mère, si volage, et à Mikel, son amour d’adolescente. Elle a préparé, ultime dîner pour son personnel, de sublimes recettes transmises par Elizabeth, sourde, muette, intelligente et méprisée, qui, soixante ans auparavant, s’est adressé des lettres à elle-même. Elles ont habité la même maison et leurs vies, apparemment très différentes, présentent cependant beaucoup de similitudes : la cuisine raffinée, l’escrime – eh oui ! – et l’amour aussi, pas forcément heureux… Ce troisième roman de Marian Izaguirre (La vie quand elle était à nous, NB décembre 2015) met en parallèle deux femmes qui aiment la vie, bien qu’elle ne les épargne pas : handicap, rejet, isolement inévitable, ou mère indifférente, trop sexy, droguée, alcoolique. Le récit, alternant leurs deux vies, risquait banalité, clichés et répétitions… Mais les héroïnes sont attachantes, originales, battantes, et on y croit. Les personnages secondaires ont tout autant de relief et, à la moitié du roman, une disparition énigmatique relance l’intérêt, occasion de donner la parole à des témoins qui eux-mêmes ne connaissent que des bribes de l’histoire. Le lecteur peut reconstituer et s’interroger, voire apprécier. (C.-M.M. et M.-C.A.)
D’Elizabeth à Teresa
IZAGUIRRE Marian