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Pour l’auteur qui se rend au chevet de son père mourant, c’est une épreuve : affronter celui qui fut un piètre père mais un héros pour ses camarades, communiste pur et dur, maire de Saint-Brieuc, orateur flamboyant pour les masses laborieuses… À travers la Voix, c’est un pan de l’Histoire qui défile : l’après-guerre, le Front populaire, le parti communiste, les bouleversements à l’Est… Mais aussi la mauvaise conscience de celui qui s’est hissé au-dessus de la boue bretonne. L’émotion succède à l’humour, les portraits sont croquignolets et la charge contre l’endoctrinement et les fausses illusions des militants vaudrait une exclusion du Parti !!
Christian Prigent, pilier de la nouvelle littérature, a toujours guerroyé contre une écriture conventionnelle. Son livre est un florilège étourdissant – et à ce titre, il vous laisse groggy – de poésie et de patois, de latin, de termes érudits, d’argot façon Audiard, dans un maelstrom d’anecdotes, de citations, de retours en arrière. Si on résiste à la tornade, on se laisse séduire.