Budapest, le 12 mai 1933. Au matin, un écrivain fatigué et à bout de ressources se rend en ville pour récupérer ses émoluments de journaliste et placer un manuscrit. En route il oublie ses résolutions, croise un compère et l’entraîne dans une déambulation nonchalante, en fiacre, à travers la ville. Sándor Márai (1900-1989) écrit ce roman en 1939 pour faire sortir de l’oubli l’écrivain hongrois Gyula Krúdy (1878-1933) dont la renommée sera largement posthume. Traduit une première fois en allemand en 1979, cette édition comporte un avant-propos où l’auteur (La nuit du bûcher, NB janvier-février 2016) explique que son mentor et personnage a célébré une ville, un pays, une culture, qui n’existent plus et dont il faut à tout prix préserver la mémoire. Prémonition ou étrange similitude de destins : le romancier, journaliste et diariste, d’abord reconnu et admiré en Hongrie, puis étouffé par les régimes totalitaires successifs, forcé à l’exil, sera lui aussi complètement oublié, puis révélé comme écrivain européen majeur après sa mort. La chronique du dernier jour de son antihéros est crépusculaire et nostalgique. Une balade douce-amère, pleine de fantômes, dans des lieux chargés de souvenirs littéraires. (T.R. et L.C.)
Dernier jour à Budapest
MÁRAI Sándor