En Russie aujourd’hui, le quotidien est dur et l’horizon bouché pour une partie de la jeunesse. Dans les onze nouvelles de Zakhar Prilepine, journaliste d’opposition, ancien combattant en Tchétchénie, la plupart des protagonistes, en perte de repères, carburent à la vodka et à la bière et fuient la désespérance dans l’amitié farouche, la fraternité, la bagarre et les filles faciles. La plume incisive de l’auteur, son réalisme cru aux images fortes, son talent pour le comique de situation et sa tendresse pour les personnages dessinent une fresque colorée, toute en contrastes. Dans ces textes, tour à tour sombres, émouvants ou, comme la nouvelle éponyme, carrément loufoques, la Russie éternelle n’a pas changé, avec ses excès et sa sentimentalité, déjà illustrés dans Le Péché (NB octobre 2009). Dans un monde âpre et désenchanté, les aînés, seul refuge, ravivent à point nommé une lueur d’espoir. Une lecture facile qui n’est en rien monotone.
Des chaussures pleines de vodka chaude
PRILEPINE Zakhar