Des fous de qualité

En 1807, Just a dix-sept ans. Il n’a pas connu son père… Il s’imagine fils de Murat et brûle de servir l’Empereur. Et le voici en Espagne où il faut chaque jour se battre, souffrir ou attendre. Bientôt viendra – après les jours d’horreur et le temps merveilleux du premier amour – le moment des cruelles désillusions, de la mort frôlée de près et du retour en France, où s’installe alors le triste Louis XVIII.  L’auteur – disparu en juin 2008, poète et hispaniste – suit ce jeune homme beau et courageux, amoureux des chevaux et curieux de tout. Le hasard a mis Montaigne dans ses bagages et, à Madrid, il rencontre Goya… Peu de pages leur sont consacrées, mais de quelle intensité ! On connaît, ou on sent, mais toujours en filigrane, l’érudition d’un écrivain nourri par les auteurs antiques. Les phrases ont leur poids d’horreur dans les insoutenables massacres et se font légères quand elles « saisissent l’insaisissable » de la lumière, de la musique, de la grâce, de la beauté. « Il ressuscite dans l’austère bichromie des pages tous les chatoiements du monde », a dit une journaliste. Magnifique et exacte formule pour qui accepte de s’immerger dans cette oeuvre exigeante.