Des gens comme il faut

CHATAIGNIER Florence

AprĂšs la mort de son pĂšre, Fleur descend dans sa cave pour trier objets, Ă©crits et photos tĂ©moins du passĂ©. Ses parents se marient en 1974. Madeleine est belle, Jean cultivĂ© et drĂŽle. Vacances Ă  GuĂ©thary l’étĂ©, au Tyrol l’hiver, installation Ă  Garches, naissance de deux filles. Des gens comme il faut
 ou qui veulent le paraĂźtre. Entre les clichĂ©s qui fixent les moments heureux, s’insinuent les souvenirs des drames et les non-dits traumatisants


Florence Chataignier est responsable d’une Ă©mission sur France 2. Son premier roman analyse chronologiquement la lente dĂ©composition d’un couple bancal. Elle tente d’expliquer la mĂ©lancolie profonde de ses parents et dĂ©couvre, dans les documents et lettres entassĂ©s dans sa cave, des Ă©pisodes de leur enfance particuliĂšrement dĂ©vastateurs. Sa mĂšre est une provinciale d’origine modeste, son pĂšre, un Parisien issu d’une famille bourgeoise dĂ©sargentĂ©e, adulĂ© par sa mĂšre, homosexuel refoulĂ©, déçu de n’avoir que des filles. Les scĂšnes conjugales destructrices se multiplient. Les deux filles de ce couple toxique luttent pour « se nettoyer », se libĂ©rer du passĂ© et tentent dĂ©sespĂ©rĂ©ment de sauver leurs parents de la dĂ©pression. Dans la cave oĂč la narratrice s’enferme, un arbre envahit l’espace. Elle Ă©lague consciencieusement les branches, telles des archives familiales, symbole d’un passĂ© Ă©touffant sous le poids des convenances et du travail pour s’en extraire. Le ton est juste, sobre, et le constat lucide, dĂ©solĂ©. Si la vĂ©ritĂ© n’existe pas, nul ne peut s’exonĂ©rer de la « mĂ©moire des sentiments ». (L.G. et A.K.)