Il est peintre, il ne se trouve pas beau, se voit comme un affreux hibou qui traĂźne sous une gabardine vieillotte, toute une quantitĂ© de plumes quâil perd au moindre mouvement. Dans son atelier vĂ©tuste, sa raison de vivre est dâimmortaliser sur les toiles les jeunes danseuses quâil admire avec passion dans les cabarets parisiens. AprĂšs quâil les a fixĂ©es de ses immenses yeux de rapace nocturne, il sâingĂ©nie Ă accrocher aux murs de lâatelier leur portrait qui les reprĂ©sente revĂȘtues de leurs costumes de scĂšne plus ou moins lĂ©gers.  On ne peut quâadmirer le talent de la bĂȘte dont les pinceaux expriment lâamour pour ses modĂšles, ainsi que son tourment de ne pouvoir Ă©tablir une relation rĂ©elle avec elles. Oublions les dĂ©tours philosophiques du personnage complexĂ© qui se sent sale en face des beautĂ©s quâil admire et quâil acceptera, semble-t-il aprĂšs leur avoir enlevĂ© leur humanitĂ©, les rĂ©duisant Ă un Ă©tat animal. Laissons-nous emporter par les dessins dĂ©licats et sensuels des pensionnaires du Moulin Rouge et par une forme de poĂ©sie qui transforme cette histoire en une sorte de conte mystĂ©rieux. (Y.H. et V.L.)
Des plumes & elle
SALOMONE Paul