Désintégration

Issue de la « classe moyenne », elle s’est d’emblée sentie différente des jeunes de son âge. Pour ses dix-huit ans, elle fuit la fête offerte par ses parents par désintérêt et incapacité à s’intégrer au groupe. Devenue étudiante, en butte à la précarité, ballottée d’un petit boulot à l’autre, elle connaît la même impossibilité à vivre en colocation ou à poursuivre une relation amoureuse. Son accès à une formation d’excellence ne fait qu’accentuer « sa haine » envers une société dont elle se sent exclue. La publication d’un premier roman lui ouvrira enfin un autre horizon.  Dans ce roman sombre aux accents autobiographiques, Emmanuelle Richard décortique à l’envi les manifestations du mal-être de jeunes peinant à trouver leur place dans une organisation sociétale qui ne les ménage pas : étudiants-travailleurs précaires, stigmatisés par leurs pairs pour peu qu’ils accèdent aux arcanes de la réussite, marginalisés par leur ignorance des codes, ils ne se voient aucun futur et en arrivent à muer leur échec permanent en une aversion qui touche tout leur environnement. L’écriture, pourtant ciselée, s’emporte et devient aussi violente que la phobie qu’elle porte. L’« enfer, c’est les autres » ! L’excès brouille le propos, et c’est dommage. (M.M. et A.Lec.)