En 1839, en Tasmanie, le gouverneur John Franklin et son épouse adoptent une orpheline aborigène qui, élevée en dépit du bon sens, sans affection, puis abandonnée, déchirée entre deux mondes, connaîtra un sort bien cruel. En Angleterre en 1851, Franklin, mort en explorant le pôle Nord, est accusé de cannibalisme et Charles Dickens est chargé de réhabiliter sa mémoire. La prestation littéraire et théâtrale de l’écrivain est si brillante et réussie que sa vie en est bouleversée.
Ces deux histoires entremêlées sur deux continents éloignés fustigent l’arrogance et l’hypocrisie victorienne, sa prétention à imposer sa civilisation et l’incapacité humaine à réfréner ses pulsions. Le lien entre les deux récits alternés est ténu, et l’exaltation de Dickens peu convaincante, mais l’intérêt du sujet reste certain : une évocation tragique et émouvante illustrant l’atrocité de la colonisation. L’empathie pour les victimes est suscitée par le talent d’écriture de l’auteur (La fureur et l’ennui, NB février 2008) qui veut faire connaître le passé de son pays, l’Australie, tout en dévoilant les dessous de l’âme humaine.