Eva prĂ©sente Ă son maĂźtre le beau dessin quâelle vient de faire : le croquis dâun homme avec une longue barbe blanche. Un dieu dit-elle. Le maĂźtre rĂ©torque que les dieux nâont pas de barbe. La fillette, docile, gomme la barbe, puis les bras, puis les jambes au fil des affirmations de lâadulte. La page est Ă nouveau blanche. Mais alors ? Un instant interloquĂ©e, lâenfant reprend son crayonâŠÂ  Dessine-moi un mouton, disait un autre enfant. Atiq Rahimi nous guide plus loin sur le chemin de la reprĂ©sentation : ici, il sâagit du divin. Lâauteur pose sur la spiritualitĂ©, sur la foi, un regard libre, indĂ©pendant de toute convention religieuse particuliĂšre. Sâadressant Ă des enfants, il sait combien reprĂ©senter câest faire exister : ses peurs, ses angoisses, ses rĂȘves, pour les exorciser ou les sublimer. Ă quoi aboutit ce dialogue trĂšs simple entre vieil homme et enfant ? Ă la plus belle dĂ©finition de lâhomme, sa libertĂ© : lâenfant dessine un papillon. Le charme et la dĂ©licatesse de lâillustration qui se moque du rĂ©alisme ajoutent Ă lâĂ©lĂ©gance de cette « leçon de philosophie » accessible Ă tous. (C.B.)
Dessine-moi un dieu
RAHIMI Atiq, SALAMONE Bruno