D’une enfance chaotique, entre exil et enfermement, Opalka, peintre franco-polonais (1931-2011), a conservé le goût du silence et du mystère. Après des études d’arts appliqués, il abandonne formes et couleurs et aborde une oeuvre conceptuelle fondée sur la matérialisation du temps. En 1965, sur une toile à fond noir il trace en blanc le premier chiffre “1” suivi régulièrement par des séries de nombres – sans espace, qu’il nomme “Détails”. Quotidiennement il s’astreint à de longues séances de travail qu’il concrétise par un autoportrait. Son émotion est grande à l’approche du millionième chiffre ; puis il décide d’éclaircir progressivement le fond noir espérant atteindre une calligraphie blanche sur fond blanc. Les oeuvres du peintre sont dispersées dans de nombreux musées et Claudie Gallay (Une part de ciel, Livre du Mois, NB octobre 2013) ne les découvrira qu’au hasard d’une exposition où, face à une toile blanche, elle éprouve un violent choc émotif. Elle entre en résonance avec cette démarche singulière, d’une grande sérénité, qui, inlassablement et à rebours de la nouveauté, écrit le décompte du temps humain. Dans ce très beau texte la narratrice confie la prégnance de cette peinture de l’infini qui irrigue sa propre création et donne à voir et à aimer une oeuvre magistrale.
Détails d’Opalka
GALLAY Claudie