Intriguée par la photo qui orne la couverture du livre de Brassaï « Paris de nuit (1932) », Francine Prose, universitaire et romancière américaine, écrit une biographie de Violette Morris. Cette femme exceptionnelle, lesbienne, fut espoir olympique, pilote professionnelle. Après avoir été interdite de course par la justice française pour port de pantalon, elle espionna pour les Allemands, tortura pour la Gestapo parisienne et fut tuée par la Résistance en 1944. L’auteur restitue l’atmosphère glauque d’un night-club de Montparnasse (Le Caméléon), fréquenté par des travestis, au gré de divers témoignages qui s’entrecroisent, se chevauchent, se contredisent : une biographe, Brassaï, sa femme, l’écrivain Henri Miller entre autres, identifiables sous leurs pseudonymes, racontent le Paris des années 1930 où la misère et la haine des Juifs prospèrent, puis celui de la guerre, de la collaboration et de la Résistance. Sans rien excuser, Francine Prose se refuse à condamner sans appel son héroïne. Bien que sa destinée soit connue dès la préface, ce gros livre se lit d’un trait.
Deux amantes au caméléon : Paris 1932
PROSE Francine