Venu du Nebraska, guitariste et chanteur, Ray triomphe à Los Angeles. Cependant le père de Minie, sa petite amie mineure, ne supporte pas qu’elle aime un Noir ; il le fait coffrer pour viol, ruinant ainsi sa carrière. Mais, à dix-huit ans, Minie épouse Ray en prison puis le suit au Nebraska où il travaille dans le restaurant familial. Cinq enfants arrivent : le bonheur… sauf que Ray n’oublie pas sa vocation abandonnée. Or le frère de Minie, abîmé par la violence paternelle, les a rejoints. Musicien lui aussi, il a vaincu son obésité. Ensemble, ils pourraient retenter leur chance…
Le racisme hante ce roman : invisibilité, mépris, insultes et coups. Ray, le narrateur, n’accepte pas la « soumission » paternelle devant les Blancs. Elle le ronge et le culpabilise. L’auteure reste fidèle à ses sujets favoris, la famille et les États-Unis (Gary tout seul, HdN mai 2014). Ray, fin observateur, attachant et sympathique, décrit bien le mépris de soi qu’on hérite du passé. L’intrigue est habilement conduite et toujours claire. La romancière excelle à choisir le mot juste et, dans ce roman au sujet grave, rien n’est lourd, même si les coeurs, eux, ne sont pas toujours « légers ». (E.B. et M.-C.A.)