Deux heures moins dix

CHICHKINE MikhaĂŻl

SĂ©parĂ©s dans l’espace et dans le temps, deux amants russes correspondent. Ses lettres Ă  elle sont de notre Ă©poque. Lui, c’est vers 1900 qu’il s’exprime, depuis Tientsin oĂč son rĂ©giment est engagĂ© dans la coalition internationale de dĂ©fense des concessions occidentales. Les lettres ne sont pas datĂ©es et ne se rĂ©pondent pas. Il s’agit plutĂŽt de monologues alternĂ©s. Il parle de la guerre et ses horreurs. Elle Ă©voque son passĂ©, son couple, les derniers mois de sa mĂšre, avec laquelle ses rapports furent longtemps difficiles. Ces souvenirs, ces Ă©motions, ces interrogations touchent Ă  tout ce qu’implique la condition humaine intemporelle : l’amour, les Ăąges de la vie, les mots, la maladie, les relations intergĂ©nĂ©rationnelles, la façon dont chacun envisage – ou non – sa propre mort. La guerre des Boxers illustre la confrontation de vieilles civilisations qui se mĂ©connaissent et se mĂ©prisent. L’écriture forte, avec parfois des touches poĂ©tiques, avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ©e dans La Suisse russe (NB aoĂ»t-septembre 2007), mais la forme de ce nouveau roman demande au lecteur une certaine ouverture d’esprit.