Dévorer les ténèbres : enquête sur la disparue de Tokyo

La jeune Britannique Lucie Blackman, vingt et un ans, arrive à Tokyo début mai 2000 avec une amie, espérant trouver du travail pour éponger ses dettes. Elle est engagée dans un bar à hôtesses de Roppongi, quartier chaud où profit et rendement étroitement codifiés paraissent garantir ordre et sécurité. Début juillet, elle disparaît. Son père accourt, n’intéresse guère la police mais mobilise les medias, et profite du sommet du G8 pour rencontrer Tony Blair. Huit mois plus tard, un corps démembré est découvert. S’engage alors un combat frénétique contre un suspect, milliardaire d’origine coréenne, qui nie l’évidence et s’est entouré d’une armée d’avocats.   L’enquête extrêmement fouillée menée par l’auteur (Les fantômes du tsunami, NB juin 2018), correspondant du Times au Japon, représente un travail impressionnant de professionnalisme. Les thèmes principaux minutieusement décryptés – la famille de Lucy, son journal, le Japon et ses codes sociaux –, les multiples fausses pistes vicieusement organisées par le coupable entretiennent le suspense. Sa personnalité, terrifiante, est reconstruite à partir de nombreux témoignages vérifiés et comparés. Le fonctionnement de la justice et de l’appareil policier sont brillamment analysés par l’auteur, qui se justifie in fine sur son travail dans cette étude convaincante et chargée d’humanisme. (M.Bi. et C.-M.T.)