Le voyage commence à Lisbonne. Une vieille dame immobile assise sur un banc attire l’attention de l’auteur-narrateur: sa mère morte depuis quinze ans. Deux trois jours passent dans la tendresse, quelques paroles essentielles sont dites, avec l’évidence que les morts ne restent pas dans leurs tombes. Mêlant ainsi présent et passé, morts et vivants, le voyage se poursuit à Genève, en Pologne, à Londres, à Madrid, célébrant ceux qui furent pour John Berger des “passeurs” vers la juste approche des êtres et des choses, dans l’enfance et bien après : Borges, un maître, son père, des petites amoureuses, des amis… Ces rendez-vous rétrospectifs et contemporains ne dissimulent pas les malheurs du monde, mais n’en exaltent que mieux les splendeurs : un paysage ou le goût d’un fruit, un étal de marché ou une noce polonaise, la joie charnelle de l’amitié, de l’amour, de la paternité, du quotidien et des convictions partagées.
À la manière de Photocopies (N.B. nov. 1999), une biographie se dessine en creux, discrète mais intense, celle d’un vieil et magnifique écrivain qui est aussi un poète, un artiste, un cuisinier, un militant, un homme.