Dictionnaire amoureux de Stendhal

Il s’agit bien d’amour dans ce dictionnaire où défilent les sujets de prédilection de Stendhal : femmes convoitées, conquises, abandonnées, égéries des romans ; héros masculins de ces mêmes romans, mais aussi peintres, musiciens, écrivains, français ou étrangers – objets de son admiration –, et l’Italie, adorée, préférée à la France. Le romancier, son univers, sa « doctrine intérieure » se laissent approcher ; toute son oeuvre illustre un idéal qu’il vante, mais ne vit pas. Dominique Fernandez adopte ici un point de vue nécessairement partial. En rubriques inégales – l’ordre des mots donnant des « télescopages » inattendus –, teintées d’humour, l’ensemble bouscule le lecteur, mais convainc, amuse et finalement ravit. L’anticonformisme stendhalien gagne l’auteur (Transsibérien, NB février 2012) qui assume des contradictions et des coups de patte péremptoires. Il se livre également à une étude réussie de l’âme humaine. Abondamment documenté sans être scolaire, allant au-delà de l’anthologie littéraire réservée aux érudits, cet ouvrage a une ampleur justifiée.