En Haïti, paradis coloré rongé par la misère, la violence et la corruption, arrive Terry, ancien shérif efficace et honnête, employé par la police de l’ONU. Sa femme et lui se lient à un couple d’Haïtiens. Le mari est un juge intègre décidé à agir ; sa femme, étrange et séduisante, fascine les hommes. Les élections approchent ; ensemble ils décident de faire campagne contre le sénateur mafieux en place. Élu, le juge pourrait enfin construire la route vers Port-au-Prince qui désenclaverait et sauverait leur petite ville. Mais ce serait sans tenir compte des forces obscures de l’argent et du sexe… Mischa Berlinski (Le crime de Martiya Van der Leun, NB juin 2010) se glisse dans le personnage d’un écrivain américain, ami des deux couples, pour dépeindre avec une acuité et une empathie prenantes ce pays d’histoires et de fatalités où se déversent les aides humanitaires du monde entier, sans résultats apparents. Il observe et décrit les hommes, les mécanismes sociaux et politiques avec une objectivité bienveillante, sans s’impliquer. Chaleurs moites, paysages tropicaux, allégresse des projets, toute-puissance des amours… Le récit vivant, ironique, réaliste, se déroule tandis que Baron Samedi, Seigneur vaudou des Enfers, guette l’issue, forcément tragique. Cette tension vers le malheur embrase ce magnifique roman. (M.W. et A.M.)
Dieu ne tue personne en Haïti
BERLINSKI Mischa