Dis-leur qu’ils ne sont que cadavres

SOLER Jordi

AnnĂ©es 2000. Devenu par hasard attachĂ© culturel Ă  l’ambassade du Mexique Ă  Dublin, un jeune homme rĂ©dige une anthologie consacrĂ©e Ă  Antonin Artaud. Il se passionne notamment pour les sĂ©jours que le poĂšte fit au Mexique, pays du peyotl, en 1936, puis Ă  Dublin en 1937 oĂč il voulait rapporter la canne « authentique » de saint Patrick, curieusement en sa possession. Le jeune homme rencontre de drĂŽles d’oiseaux : un collectionneur soi-disant parent du poĂšte, M. Lapin (!) et Lear McManus, un centenaire qui consomme sans modĂ©ration alcool, drogues et femmes, jadis compagnon d’Artaud et poĂšte lui aussi :. Le trio se met en quĂȘte de ladite canne
 S’inspirant de faits bien rĂ©els, Jordi Soler (La FĂȘte de l’ours, NB mars 2011) construit un monde foisonnant totalement burlesque. Son narrateur, dotĂ© d’une imagination sans limites, est Ă©galement prodigieusement naĂŻf. Les travers humains sont saisis dans une construction savante qui mĂȘle histoire de saint Patrick, vie extravagante d’Artaud abondamment citĂ© – un de ses vers fournit le titre en forme d’imprĂ©cation –, Swift et Joyce, littĂ©rature et folie. Le ton vigoureux et le sĂ©rieux avec lequel le romancier dĂ©lire font merveille. EmportĂ© par l’aventure, on croit Ă  cette histoire savoureuse.