Au milieu de la nuit, l’enfant soulève une paupière de sa mère. Qu’elle se tourne ou qu’elle se couvre la tête de son oreiller, rien n’y fait, la machine à pourquoi est lancée. Pourquoi tu dors ? Parce qu’il fait nuit, parce que le soleil n’est pas levé – Et papa, dort-il ? Il ne vaut mieux pas car il pilote un avion. Tout y passe, y compris la couleur préférée – le jaune, ce qui est jaune, le soleil qui dore la pièce où Papa rentre et essaie de s’endormir. Devinez la suite ! Les souvenirs personnels nourrissent le texte qui se développe pendant que l’image au trait simple s’agrandit. D’abord des « bulles » noires où éclate en blanc un Maman ! impérieux. Puis la table de nuit avec son réveil/hibou qui darde des yeux jaunes. Puis la fenêtre, la maison d’en face où un commerçant s’affaire déjà. Le dialogue est court. Au bas de la page, un petit éléphant s’anime, trompe à l’horizontale, il cabriole en contrepoint des sauts de l’enfant. Quand la couleur gagne par touches, il rosit et finit dans le lit, redevenu doudou. On n’a pas trouvé le remède à l’insomnie mais on a partagé un joli moment d’intimité.
Dis, tu dors ?
BLACKALL Sophie