Au coeur d’Oran, la ville ocre, sur fond des « événements » d’Algérie de 1950 à 1962, se dessinent des existences de femmes algériennes, maghrébines ou européennes : Leila et sa passion interdite pour Manuel le gitan, la belle Soledad à l’ambition démesurée, Halima la laveuse noire qui endure les quolibets, Solange et son apparent bonheur serein, la femme à la « Singer »… Michèle Perret, d’origine oranaise, décrit en treize courts récits les mentalités et dépeint avec intensité et nostalgie l’atmosphère et les contrastes d’un pays où couve une tragédie. Par touches subtiles et progressives, avec délicatesse et sensibilité, elle éclaire la trame des antagonismes où règnent frivolité, insouciance, soumission aux labeurs quotidiens. Elle écrit la méfiance et les peurs qui couvent, puis le déchaînement de la violence dans trois nouvelles qui évoquent l’Histoire. Le ton grave et retenu, les descriptions envoûtantes (kaléidoscope d’odeurs, de couleurs et de saveurs), l’écriture nuancée donnent au récit une force poignante et rendent un bel hommage à « Eux »… tous ceux qui ont disparu !
D’ocre et de cendres : femmes en Algérie (1950-962)
PERRET Michèle